Epis dans les agences de Paris : une fausse bonne idée ?
Bruxelles, le 4 octobre 2021 – L’UPAP, Union Professionnelle des Agences de Paris qui compte plusieurs centaines de membres et constitue à ce titre un acteur majeur, reconnu et fiable du secteur des jeux de hasard, a été informée de l’adoption d’un arrêté royal instaurant un contrôle EPIS dans les agences de paris, à l’instar de ce qui existe déjà dans les casinos et salles de jeux.
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Concrètement, toute personne désirant parier dans une agence de paris devra préalablement présenter une pièce d’identité pour vérifier qu’elle ne soit pas interdite de jeu. A priori, la mesure est convaincante puisque destinée à renforcer la protection des joueurs. En pratique, elle risque au contraire d’aboutir à une situation inverse.Ainsi, les joueurs exclus vont disparaitre purement et simplement des radars. La situation actuelle permettait de les détecter et de les renvoyer vers des structures utiles (ex : Clinique du jeu,...). A présent, soit ils vont jouer sans aucune protection sur les centaines de site internet de jeux et paris, totalement illégaux, disponibles en Belgique, soit ils vont passer par des intermédiaires qui joueront pour eux en prélevant une commission (les grands frères des quartiers,…) ou jouer auprès de bookmakers illégaux (salles arrières des cafés,…), ceci avec des risques évidents de troubles à l’ordre public.
En outre, les parieurs pourront – sans aucun contrôle d’identité – jouer dans une librairie (mise maximale autorisée de 200 euros) alors que le parieur devra produire sa carte d’identité pour joueur dans une agence de paris de classe IV, ceci même si sa mise est de quelques euros seulement. Aussi, tout joueur peut dépenser des milliers d’euros, sans aucun contrôle d’identité, en produits de la loterie nationale. Où est la logique ? Les membres de l’UPAP sont discriminés sans raison.
Enfin, le contrôle EPIS est totalement disproportionné. Dans les agences de paris sont misés en moyenne des montants de 5 ou 6 euros. Imposer à chaque fois un contrôle d’identité avant de miser pareilles sommes est exagéré. Une proportion considérable des parieurs va déserter les agences de paris. En effet, des études de réviseurs d’entreprises ont démontré que les joueurs étaient attachés à leur anonymat et étaient rebutés à l’idée de produire leur carte d’identité pour miser quelques euros.
Le business des agences de paris, qui a déjà lourdement souffert en raison de la pandémie (nombreux mois de fermeture, fuite de la clientèle vers le secteur digital), ne peut se permettre d’être aujourd’hui impacté par une mesure de contrôle à ce point disproportionnée. Le secteur risque de s’effondrer, avec pour conséquences la perte de centaines d’emplois et des recettes fiscales en berne de plusieurs millions d’euros pour les pouvoirs publics, comme cela a été expertisé par le réviseur d’entreprises BDO.
Le Ministre de la Justice, sollicité à de multiples reprises, n’a jamais pris la peine de rencontrer les représentants du secteur des jeux de hasard. Or, plus que jamais, il est temps que le politique comprenne ce qu’est, en réalité, une agence de paris, à savoir un lieu convivial et développeur de tissu social, qui n’est en rien assimilable à un casino ou une salle de jeux. Cela confirme la tendance (déjà observée par l’interdiction des paris virtuels en agences de paris) suivant laquelle le politique favorise les activités de gaming (casinos, salles de jeux) au détriment des activités de betting (agences de paris) alors même que les produits de gaming génèrent plus de risques d’addiction.
Une solution acceptable serait de limiter le contrôle EPIS aux seules mises supérieures à 200 euros, ceci afin de ne pas entraver les joueurs récréationnels non sujets à un risque d’addiction.
Le mieux est l’ennemi du bien : à trop vouloir bien faire, on détruit de l’emploi et envoie les joueurs à protéger hors de toute protection…
Yannik Bellefroid
Jean-François Pakula